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Compte rendu des concerts du 30ème festival d'Altitude Pyrénées Vallées des Gaves Jazz à Luz par Anne Maurellet. Photos par Alain Pelletier.

 

Jazz à Luz, 30 ans de bonheur...

 

Inauguration du 30e festival, carte blanche à la Compagnie Le plus petit espace possible

vendredi 9 juillet – 18h30 – village de vacances Cévéo

Isabelle Cavoit, danse

Elise Chatelain, trombone

Séverine Fel, tuba

Jean-Marc François, agitateur d'ambiance

Gandalf Goudard, saxophone

Baptiste Sarat, bugle

Alfred Spirli, percussions

 

Faut pas tant de choses que ça pour la magie. Bon, ça triche un peu, le décor autour, c'est la montagne et l'air pur, pur... Alors, le spectacle commence. Quelques bouts de bois sur lesquels est tendu un fil, des tuyaux et ça s'agite, et ça fait le vent ; suit un parapluie, non, trois collés les uns sur les autres du plus grand au plus petit, quelques masques, des costumes, c'est quoi ? De la couleur, des assortiments inhabituels, ce petit grain de folie qu'on ne peut s'autoriser au quotidien ; mais voilà, la pelouse n'est plus la même, l'air a pris un parfum de fantaisie. Les instruments jettent quelques sons, une danseuse a survolé ma feuille, la cérémonie est prête. Un des derniers rituels ? Accrochons-nous à eux. Ce sont des perturbations, des turbulences, celles de la résistance. Ils se regroupent, après avoir disparu dans le village de vacances, et font farandole. Spectacle à hauteur d'hommes/de femmes, des petits riens : le trombone à coulisse coulisse, un tableau mobile sert de batterie, un « Huit et demi » joyeux, festif où il s'agit encore du jeu ; ils se cachent derrière une haie et frôlent les sons, comme les spectateurs. Tout le monde est à prêt à partager, semble-t-il... Ce sont les coulisses de la musique et nous sommes contents d'y entrer.

Poésie burlesque de la déambulation. Ils sont un peu fous, et ça fait fichtrement du bien.

 

 

Fantôme

vendredi 9 juillet – 21h30 – chapiteau

Morgane Carnet, saxophones, clarinettes

Jean Brice Godet, clarinettes

Luca Ventimiglia, vibraphone

Alexandre du Closel, piano

 

Prendre une dose de champignons hallucinogènes pour entrer dans la transe. Le piano répétitif d’Alexandre du Closel demande l'amplification par le vibraphone. Les deux saxos s'additionnent. On voit des lumières clignoter dans l'espace à 360 degrés. Ils répètent puis enluminent le mouvement perpétuel dont les cercles concentriques s'élargissent imperceptiblement. Ça a des airs d'été, d'herbes folles, de lucioles. Ils sont pourtant quatre et des millions d'étoiles scintillent dans le ciel du chapiteau. C'est une décomposition et une recomposition de la musique constante. Le sax ténor brame au fond du bois, tentative de sortie du labyrinthe ? Il les rejoint, les rattrape bien vite ; les quatre ne peuvent exister les uns sans les autres... Après la course vient l'apaisement progressif. Saxo ténor de Morgane Carnet et clarinette de Jean Brice Godet prennent les mêmes voix ; ils créent une harmonie, un diapason unique où s'incrustent le vibraphone et le piano. La répétition au risque des modulations est leur credo. C'est une toile d'araignée régulière que la rosée déforme parfois. Un archet vient crisser sur le vibraphone de Luca Ventimiglia, façon ondes Martenot. Les deux clarinettes ponctuent la méditation. On se croirait, certes dans les montagnes, mais du côté du Tibet où quelque monastère accepterait les brumes du matin comme une offrande au jour. Théâtre même, si l'on préfère, peu de sons, la lenteur cette fois-ci, déesse de la sobriété, du temps étiré ! Le piano surgit dans la blancheur, les clarinettes laissent du son le souffle. Dans cet ordre apparent explose la clarinette basse. Plainte, folie, exubérance, cris, une délivrance furieuse à travers les lignes parallèles répétitives des autres compères.

 

 

« Polyphème » - Wassim Halal & le Gamelan Puspawarna

Vendredi 9 juillet – 22H30 – Chapiteau

Wassim Halal, darbuka

Théo Merigeau, reyong, claviers

A.A.B.G. Krishna Putra Sutedja, reyong, claviers

Jérémie Abt, reyong, claviers

Antoine Chamballu, reyong, claviers

Christophe Moure, reyong, claviers

Raul Monsalve, gong

Hsiao-Yun Tseng, ceng ceng

Manu Le Duigou, son

 

Immersion dans le rituel. Le son des reyongs du gamelan comme autant d'entrées en symboles. On imagine des danses à la gestuelle très codifiée, chaque mouvement prend sens. Ici, chaque note appelle l'écho d'une autre. C'est une richesse de sons qui se répondent. Seul le gong rythme la transe. Les sons cristallins comme des cloches aux mille teintes, du plus grave au plus aigu, forment un rideau de pluie dorée incessant. Accélération, répétition, silence, la savante coordination de l'ensemble crée un état second, sorte de spiritualité énergisante : mille éclats crépitent et invitent à une libération des tensions. Il faut se laisser envahir, posséder ? Un peu de chamanisme coloré ! Ils sont huit pour jouer des reyongs, et toujours comme ce découpage sonore que le darbuka semble appeler. Ralentir et répondre. Sorte de mécanique répétitive manuelle. Les silences permettent la gourmandise de l'accélération. On ne pense plus à rien. La grande sérénité ? Maîtrise puis relâchement -apparent- marches à franchir pour atteindre un nirvana. Le sens du néant. Une de leurs forces, c'est le collectif : les sons fusent reliés intimement et intensément les uns aux autres avec une vivacité revigorante. Et d'un coup, quelques gongs, à nouveau le frétillement, le frottement des instruments, les oppositions se marient, ici, le vif. Il faut respecter l'écho, la profondeur, les ondes que diffusent les instruments, l'irrigation des sons. Le cycle qui invite l'âme à expurger, dépasser, libérer. Tressautements, tressaillements, vibrations neurologiques. Et joie de l'harmonie collective. Ils sont huit et le plaisir de ce partage se lit dans leurs yeux, dans leur sourire. Ils poussent le son comme une mitraillette musicale et l'écoutent s'épuiser comme si la vie pouvait cesser alors même qu'elle est célébrée.

 

 

Kepler

samedi 10 juillet – 11h – chapiteau

Julien Pontvianne, saxophone ténor, clavier

Adrien Sanchez, saxophone ténor

Maxime Sanchez, piano, clavier

 

Quelques gouttes de pluie tombent lentement du piano, c'est une aube, le vent suinte des deux saxophones ténor. On entre dans la musique comme dans un monastère, contemplatifs. Le trio Kepler explore la profondeur du son, sa suggestion, sa poésie, comme une succession de haïkus qui n'en feraient qu'un. Le clavier intensifie le solennel. La clarinette, à son tour frôle cette procession fantomatique. Maxime Sanchez a glissé du piano vers le clavier pour s'harmoniser avec la clarinette et sax ténor à la conversation parcimonieuse et grave. Le paysage est mental : un désert d'où affleure quelque pensée vierge, l'orée d'un état. C'est comme ça que naît au fond une valse au temps ralenti et qui nous laisse comme trace sa grâce. C'est une idée de la beauté, la descente chromatique est une invitation à une entrée en profondeur, une introspection sonore. Ils ne dérogent pas à la loi du pas feutré, du souffle originel de la musique.

 

 

Le Un

samedi 10 juillet – de 14H00 à 17H00 – colline Solférino

 

Opéra pour une montagne éclatée. Les sons, du plus électronique au plus acoustique, sont dispersés et pourtant ne font qu'un. Un homme, Sisyphe, pousse sa conscience vers le sommet pour une société déglinguée qui a même perdu son corps ? La voix féminine tente de se frayer un chemin, parfois aigüe, parfois vociférante, un peu sorcière. Saxophones électrisés, sirènes, brouillage de fréquences, sax alto en gribouillis nomade, violon claquant et gémissant, trois contrebasses insectes rampants. La compagnie finit par se défaire.

 

 

The Bridge #2.5

samedi 10 juillet – 21H00 – chapiteau

Sophie Agnel, piano

Ben Lamar Gay (Chicago), cornet, voix

Pascal Niggenkemper, contrebasse

Sam Pluta (Chicago), électronique

 

2050 ou... aujourd'hui. Piano et contrebasse « préparés »prennent le même goût amer de l'électro de Sam Pluta. Une musique qui vous envoie d'emblée des lasers dans la figure. Pas de concession. Les instruments sont poussés au paroxysme de leur bruitage. Désespoir ? Colère ? Manifeste ? Ça grince des cordes, du son, un cœur artificiel tente de battre encore submergé par la contrebasse de Pascal Niggenkemper, détournée par deux bols métalliques, Sophie Agnel sur la même note coléreuse, obstinée : les pulsations des quatre tentent une histoire. Reste un vestige par la trompette bouchée. Des fréquences son comme une agonie, des sursauts ravageurs, le fourmillement ultime des grincements mais ne pas s'y méprendre, le groove se maintient ; c'est un autre tempo, hystérisé et maîtrisé. Une impro structurée... chaque musicien appuie sur la même note à l'infini, comme une tête taperait contre un mur. De ce chaos délibéré surgit le cornet de Ben Lamar Gay qui jouant devient revendicateur et le son s'écaille à nouveau, tiré par le piano et la contrebasse « dénaturés ». Les instruments sont devenus des onomatopées sonores. Les passerelles sont constantes entre eux et l'électro. Le quatuor décrit une vie futuriste qui aurait déjà pris la rouille. L'altération redonne de la puissance aux instruments.Le piano « préparé » vocifère. Des petites boites métalliques sur les cordes frémissent avec gravité. La contrebasse sille, la voix de Ben Lamar Gay émerge parfois, sorte d'incantation aux vibrations exacerbées. Et finit en déflagration.

 

 

Lise et Lisa

dimanche 11 juillet – 11H00 – Verger

Lise Barkas, cornemuses centre-France

Lisa Käuffert, cornemuses centre-France

 

Vous avez étendu vos ailes en haut d'un mont et vous êtes lancés dans le vide. Vous avez regardé le paysage en suivant les courants. Peu de tourbillons, une sorte de beau silence sonore. Voilà ce que peuvent deux cornemuses. Explorer la tradition et la tirer vers aujourd'hui dans l'interrogation même de l'instrument. Quoi faire ? Ecouter ce qu'elles ont à dire...chaque artiste différemment... Là, Lise Barkas et Lisa Käuffert font chanter d'abord la poche, le souffle, puis la mélodie s'élève. Elles revisitent la tradition : hommage et actualisation. Ce sont des danses simples et stylisées, les siècles se superposent et fabriquent un nouvel ouvrage. En émerge une ritournelle dont les variations s'en vont dans la nuit des temps.

 

 

Xavière Bertin

dimanche 11 juillet – 14H00 – Parc de l'hôtel Le Chili

Xavière Fertin, clarinettes

 

La clarinette comme expression/prolongation du corps qui éructe. Xavière Fertin est d'abord entrée en musique : elle nous a regardés, s'est concentrée. Intériorité extériorisée. La clarinette devient la voix d'un plaidoyer. Nervosité, agacement. De quelques éclats. Les sons s'étendent comme des galets lancés dans le gave. Ricochets puis ondes progressives. Ils ondulent peu à peu comme une toupie en fin de course, flottante, au bord de la chute mais qui se maintient encore. Lui fait suite un long gémissement, aux sursauts amplifiés. Au bout, l'apaisement. La forme a dit. Les soupirs sont profonds, souvenirs atténués de la colère, une longue lamentation, sédiment de l'être.Elle s'agenouille. Reste l'anche de l'instrument, son encore envisageable, derniers souffles qui veulent babiller. Jouer toujours. Bruissements, hérissements. Pour finir, deux flûtes dans la bouche, agonie joyeuse. Superbe !

 

 

Louis Siracusa

dimanche 11 juillet – 15H30 –Thermes Luzéa

Louis Siracusa, contrebasse

 

Louis Siracusa est parti de Bach tout d'abord, mais s'est enfoncé dans les abîmes, quelques relents de classique, nés de la construction en cathédrale structurée. Il passe le relais au contemporain, à une autre mélancolie plus sur un fil fragile tendu dans le vide. Les temps changent... Comment traduire ce qui a été, lui faire honneur et poursuivre l'itinéraire. Le contemporain est fragmenté, élastique, déformant. Malgré le lien, la perception du monde ne peut être la même. Seuls l'émotion, le sentiment ? n'ont pas d'âge. Peut-être. Le thème est donc éclaté, les variations plus à l'affût, angoisses – plus violentes – Les pizzicati sont des frémissements, des inquiétudes, des contradictions. Un monde instable, mais curieux, attentif à l'événement, au détail. Composer tout de même dans le même tourment créatif ancestral.

 

 

Les Astragales

dimanche 11 juillet –17h – Quartier Saint-Sauveur

Timothée Quost, trompette

Pierre Juillard, électronique

 

On se demanderait si on cherche à trouver dans l'électro du réel parce qu'il faut bien traduire, transcrire, pousser ces limites, sinon, on se tait à jamais. On pourrait être sur une montagne assis à écouter comment trompette et électronique se dérangent, s'interpellent. Sauf que voilà, y'a une voix « réelle » qui sort de l'ordi, et la trompette détournée devient aciérie, métal crissant sur du métal, fusion, pétarade, quand s'échappent de douces cascades de l'électro. Faut bien avouer que l'électro s'empare de l'imagination et les oiseaux décharnés qui nous envahissent ne nous étonnent guère dans ce tunnel suintant à la lumière jaunissante... Un vieux véhicule rouillé sort de la trompette, des cliquetis des mâts de bateaux au lointain sont dépassés par les rayons lasers sonores qui ont pris toute la scène. Les uns asphyxiants les autres, un instant, souverains. Et c'est la trompette qui diffracte le son et envoie une salve de balles sur le terrain de la fréquence. L'air s'électrifie, la remontée des eaux est programmée. Ne cherchez pas à respirer. Les grondements telluriques s'accentuent. L'instrument geint, grille ; des avions nous terrassent. Il est trop tard ?

 

Le Un

dimanche 11 juillet - 22H30 - Chapiteau

 

C'est un opéra contemporain : ça veut dire quoi. Une performance, une création éphémère – pourvu que ça dure – où chacun des vingt-deux musiciens et un récitant tente de rejoindre les autres par morceaux dans la discordance d'aujourd'hui. Tentative optimiste puisqu'il faut puiser dans la représentation de la musique de l'autre ce qui peut faire musique ensemble. Le récitant fait plusieurs propositions : la mine, le travail, le labeur et puis ce tas de vimes avec lequel ils construit cet édifice phénoménal et fragile puisque voué à la disparition. Les axes de correspondance se font et se défont, lumières, tonneau de Diogène, arts visuels à travers les quatre tableaux de couleur. Orchestre à l'harmonie traditionnelle impossible. C'en est une autre définition. Vies découpées, recherche d'une racine à partage comme cet arbre – nouveau totem peint à recréer pour renouveler la civilisation - fait de branches de papier qui se déroulent peu à peu sous nos yeux. La création comme un chaos apparent aux individualités rassembleuses pour un nouveau monde, Un.

 

Baraque à free

lundi 12 juillet –15h – Chapiteau

Sarah Brault, voix

Marion Josserand, violon

Antoine Ferris, contrebasse

Cédric Laval, guitare

Julien Massol, saxophone alto

Florian Muller, basse

Sylvain Rey, clavier

Simon Riou, saxophone alto

Ludovic Schmidt, trompette

Arnaud Sontag, batterie

 

L'air est salin. On entend le clapotis des vagues, imperceptiblement, au-dessous de la brume. La voix d'une sirène nous attire progressivement sur le bord du rivage. La guitare se fracasse sur les rochers, un rouleau va déferler poussé par les battements discrets de la batterie ; il arrive puissant propulsé par les saxophones, la trompette et la contrebasse. Le groupe veut nous submerger inexorablement. Le morceau suivant, c'est une machine à écrire à l'ancienne : les touches pizzicati se suivent et on revient avec le cylindre . Ils écrivent une page bien sympathique qui prend de l'épaisseur quand les instruments se chevauchent comme des touches irrationnelles se bloquent dans une machine. Cette dernière s'emballe, pas question de l'arrêter ! C'est drôle et foutraque. Saxos, violon, trompette... : on les sent libres, ils ont envie de s'amuser avec leur art à portée de main et de talent. Pour nous en remontrer, ils passent franco à du punkjazzrock - merci Nina Hagen- ça pulse, ça envoie. On se laisse faire... La basse s'est mise à mâcher un gros morceau de chamallow et ça macère dans l'estomac, n'empêche que c'est bien digeste et puis, on peut bien avaler une mitraillette, parce qu'on en est là ! Evidemment le cœur du son qui en a pris un coup se met à battre la chamade et la contrebasse s'y prend à son tour, en sort un transistor usager aux fréquences instables. Débrouillez-vous ! On y est. De la fraîcheur, et je ne parle pas de la météo ! On terminerait par de la déambulation de machineries gigantesques, éléphants, buffles, tout un abécédaire en ordre de bataille, bêtes sauvages, pleine de force et de jeunesse. Un chaton ou un petit oiseau et tout s'arrête pour le laisser passer et puis la meute fantastique reprend son périple. Lâchez tout ! Finalement, ils dansent en jouant, cette Baraque à free, m'étonne pas...réjouissant !

 

 

Bégayer « Evohé bègue »

lundi 12 juillet –21h 30– Chapiteau

Loup Uberto, voix, luths, begena, cornemuses

Alexis Vinéis, batterie, percussions (sati, qraqeb, gardon)

Lucas Ravinale, voix, begena, tamburelli, objets sonores

Jean-Philippe Curtelin, batterie, percussions (surdo, sati, qraqeb, gardon)

Etienne Foyer, son, perche, spatialisation

 

Ça commence par une prière pour le labeur, des hommes qui fouleraient le sol pieds nus. Ils nous conduisent dans une forêt tropicale, oiseaux exotiques, tambours battants. Imaginons des rituels, les instruments éthiopiens sont devenus nature luxuriante dans laquelle entrerait en transe une tribu à la gestuelle qui s'accélère. Des visages peints sûrement pour que les rites aient lieu... Il y a de la puissance pour manifester l'origine, l'ethnique. Les batteries battent le rythme sauvagement jusqu'à épuisement. Exorciser la stylisation inutile, taper des pieds sur la terre nue, scansion tribale, harangues, et étendre la géographie à une communauté élargie. Le chant scandé comme une ultime prière à la force persuasive. Il suffirait de quelque micro grattant un tambourin pour que des bêtes fauves s'approchent. Et nous n'en sortirons pas, pris dans les racines de ce rituel puissant. La voix gutturale marque la transformation humaine, un autre état où surgissent violence légitime et abandon au primitif, ancrés en nous. Cliquetis, claquements, autant de colliers, de parure qui s'entrechoquent sur les corps échauffés. Un bugle sculpte davantage encore les contorsions du rythme. Il en va ainsi d'une initiation : franchir une étape, s'élever après avoir traversé ses tensions. Chercher les éléments, retourner à la terre nourricière, l'honorer. Humains, simplement humains, oublieux de la nécessité de la communauté, du lien indivisible : et le public se leva, pour danser, ensemble...

 

 

Association Jazz Pyr' et Jean- Pierre Layrac, on espère votre Jazz à Luz pour les trente prochaines années pour la joie, pour l'innovation, pour l'engagement par et pour la musique...

 

Anne Maurellet

 

Retrouvez le reportage photo de Alain Pelletier : https://www.blueboxphoto.fr/galerie-jazzaluz2021/